Colloque international organisé par Antoine de Baecque et Marie Martin, les 31 mai, 1er et 2 juin 2023, à l’ENS et l’université de Poitiers, avec la participation de Claire Denis (projection de L’Intrus au Champo), Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval, Philippe Poirier (projection de L’Expérience intérieure. Penser dedans), Peter Szendy, Laura Odello, Pierre-Damien Huyghe, Jean-Michel Durafour, Sylvie Rollet, Robert Bonamy, Gabriela Trujillo, Adrienne Janus, Carrie Giunta, Phillip Warnell…

Dans le dernier texte qu’il a livré à la revue Trafic, Jean-Luc Nancy récuse avoir quoi que ce soit à dire de général sur le cinéma qui, toujours en mouvement, échappe, même à « coller aux images ». Pourquoi donc affirmer, au contraire, qu’il est urgent de mettre en perspective les contributions capitales que le philosophe a bel et bien apportées à l’appréhension théorique et sensible du film, depuis son évidence, dans un essai capital sur Abbas Kiarostami, jusqu’à son écoute, en passant par la mobilisation du regard et la cinéfilie qu’il entraîne ? C’est que se décèle, dans la prétérition même, dans sa lecture des « image-ceci » et « image-cela » de Gilles Deleuze, dans la confidence du « plaisir immense, aussi sensuel qu’intellectuel » qu’il y a à analyser des plans et à se laisser déborder malgré tout par l’excès des percepts, affects et concepts qui y défilent, le véritable nœud qui attache Jean-Luc Nancy aux films et le spectateur à ses textes : une homothétie entre la pratique philosophique telle qu’il l’a mise en œuvre et le cinéma (un certain cinéma) – écriture du sensible, pensée en images, fulgurances poétiques touchant l’obscurité du sens.

Le colloque international qui aura lieu les 31 mai, 1er et 2 juin 2023 aura donc pour visée d’envisager la dynamique et les figures du nancynéma, dans trois principales directions qui seront l’occasion d’un état des lieux, d’une généalogie, de remises en jeu et de prolongements :

–       la théorie du film selon Jean-Luc Nancy, à travers les quelques textes sur le cinéma qu’il a écrits et les œuvres qui lui ont servi d’aiguillons, afin d’en déterminer la teneur, aussi bien en elle-même que par la comparaison avec d’autres penseurs du Septième art, autour d’enjeux comme le réalisme, le mouvement, l’appareil et l’apparaître, la technique, la présence, le geste, le spectateur, la fable et le sensible ;

–       l’usage que l’esthétique du cinéma fait ou devrait faire des concepts du philosophe dans leur articulation du sensible, de l’éthique et du politique – exemplairement, l’image, la résonance, le regard, le toucher, la comparution, la communauté, l’expeausition, l’équivalence des catastrophes… –, la productivité de ces emprunts, les dialogues qu’ils suscitent entre disciplines et les récits audio-visuels, ouverts à toutes les vulnérabilités, dont ils rendent compte ;

–       les films que Jean-Luc Nancy a inspirés, par le dialogue avec leur auteurs ou par sa présence à l’écran. A cet effet, une partie du colloque sera consacrée aux témoignages des cinéastes avec lesquels le philosophe a poursuivi un entretien régulier et parfois même collaboré, comme Rabah Ameur-Zaïmeche, Claire Denis, Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval, Phillip Warnell…

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