L’attention portée aux œuvres permet alors de constituer la parole et la voix comme des éléments déterminants de la figuration filmique pensée dans sa dimension audiovisuelle. La parole concerne également un aspect fondamental et problématique de l’humanité que le cinéma donne, et n’a cessé de donner à entendre. En effet, avec le cinéma, l’homme est non seulement devenu visible, comme l’affirmait Béla Balázs dans les années 1920, il est aussi devenu audible. Dès lors, la perspective esthétique, qui oriente les analyses singulières, est nécessairement enrichie par un questionnement anthropologique et politique qui ne cesse d’interroger l’énigme du corps parlant.
Informations complémentaires
Mathias Lavin est professeur en Études cinématographiques à l’Université de Poitiers. Il a écrit des ouvrages sur Manoel de Oliveira (La Parole et le Lieu. Le cinéma selon Manoel de Oliveira, 2012) et un essai sur la neige au cinéma (2015). Il a codirigé avec Diane Arnaud un collectif dédié à Ozu (Ozu à présent, 2013), et avec Christa Blümlinger un volume sur le geste (Geste filmé, gestes filmiques, 2018) chez Mimésis.