Alors que les études intermédiales et transmédiales reposent depuis de nombreuses années sur des théories, des corpus et des spécialités bien établis, les médialités restent encore peu interrogées et problématisées (Baetens ; Krajewski ; Vouilloux). La médialité ne semble pas équivalente aux idées d’entre-deux et de passage signifiés par les préfixes inter- et trans-. Pourtant, en tant que processus, elle intéresse non seulement « l’idée du médium » (Rancière) mais aussi celle de la transmission et de la circulation (Gwiazdzinski et Straw). Elle permet de penser les formes d’artisanat de l’œuvre, le travail de négociation mené avec les contraintes des différents matériaux que sont la langue, la photographie argentique, la fluidité numérique, les huiles et les encres, le gramophone et la machine à écrire (Kittler), la pierre et l’argile, etc. Les médialités s’inscrivent ainsi dans une approche matérielle de l’analyse qui pose la question du support, de la technique, mais aussi du contexte culturel, des valeurs et des usages dans la production et dans la réception. Comme le souligne Jacques Rancière, il y va du « rapport entre trois choses : une idée du médium, une idée de l’art et une idée du sensorium au sein duquel ce dispositif technique accomplit les performances de l’art. La médialité ici envisagée implique l’unité immédiate entre la puissance d’un organon et celle d’un sensorium. »
Informations complémentaires
Mercredi 28 mai – salle Mélusine (MSHS)
Julien RAULT et Anne-Cécile GUILBARD