L’origine de la réflexion proposée est étroitement dépendante de notre situation contemporaine : en effet, une sensibilité accrue aux questions écologiques aide à prendre conscience que le bruit contribue de manière massive à la pollution de notre environnement.
À partir du cinéma (sa pratique concrète, ses propositions esthétiques, ses usages) nous voudrions aborder le problème de la pollution sonore en le reliant de manière précise et problématisée à la question de l’écoute – l’écoute pensée comme faculté humaine façonnée par l’histoire et médiatisée par la technique, et ouverte à une ou des altérités. Les approches à mobiliser ici, pour l’étude de cas filmiques, concernent donc à la fois la théorie ou la pratique de l’écologie acoustique et la réflexion sur les élaborations de l’écoute cinématographique.
Au-delà d’une prise de conscience, il faut également évaluer les modalités à travers lesquelles des films peuvent proposer des voies inédites ou prospectives afin de remédier à une telle situation.
Quelles que soient les modalités narratives ou les expérimentations formelles, l’attention de certains films aux tessitures sonores du monde invite à reconsidérer les manières d’étudier le son et l’écoute filmiques, en accueillant notamment plusieurs propositions issues d’autres champs disciplinaires ou qui se situent à la lisière du cinéma. Différents registres filmiques sont ainsi concernés par cet appel : fiction, documentaire de création, anthropologie visuelle (et, donc, sonore), ainsi que l’essai (notamment expérimental), de même que des propositions portant sur des œuvres afférentes au film du côté de la création sonore –notamment les documentaires ou les pièces sonores.
Parmi les différentes démarches artistiques et créatives permettant de mieux comprendre et analyser certaines modalités figuratives de la pollution sonore au cinéma, citons également des relations possibles avec la musique concrète et les recherches en électroacoustique.
De la sorte, les propositions attendues pourront s’intéresser aussi bien à des accumulations bruitistes (qui ne sont pas rares dans les représentations filmiques situées en contexte néolibéral) qu’à des tentatives de décroissance sonore. Les interventions pourront également envisager des éléments a priori invisibles et inaccessibles, mais dont l’amplification sonores permet de discerner nos relations inouïes aux environnements technologiques omniprésents.
Consultez l’intégralité de l’appel à communications.
Ce colloque fait notamment partie d’un projet de recherche intitulé « Écouter le travail : essais filmiques, expériences sonores, curation » porté par Robert Bonamy (UP-SQUARED) et bénéficiera d’un partenariat avec le Festival international Filmer le travail – à ce titre les propositions sur des films envisageant la pollution sonore ou la préservation de l’écoute dans le contexte du travail sont les bienvenues.
En outre, pollution sonore et préservation de l’écoute concernent le programme scientifique « Vulnérabilités » de l’axe Politiques des Art : Savoirs, Imaginaires, Esthétiques (codirigé par Mathias Lavin) du laboratoire FoReLLIS (Université de Poitiers).
Informations complémentaires
Les propositions sont à envoyer aux organisateurs pour le 15 juin 2024.
2000 signes maximum + une courte notice bio-bibliographique.
Organisation : Mathias Lavin et Robert Bonamy.