Au sein de cet axe s’inscrivent des projets de recherche visant l’étude des spécificités de la littérature française, francophone, ou étrangère. Par quels moyens les œuvres disent-elles le réel ? Comment les registres, les genres et les formes s’articulent-ils avec la représentation du monde dont ils sont le vecteur ? Comment se construisent et se pensent les statuts de l’auteur, du personnage, du lecteur et du livre ? Ces questions sont abordées dans une dimension historique, de l’Antiquité à l’époque contemporaine.

Description générale

Responsables : Myriam Marrache-Gouraud et Émilie Pézard

L’axe « Histoire et poétique des formes littéraires » s’inscrit dans la continuité des travaux de l’ancienne équipe B2 (« Histoire et poétique des genres »), dont les trois précédents programmes s’étaient attachés successivement à la transgénéricité, au genre de l’essai et à l’expérience des genres dans la lecture.
Situé à l’articulation de la théorie et de l’histoire littéraire, cet axe entend proposer une approche du geste littéraire selon une triple perspective :

  • Perspective diachronique : l’approche historique relève d’une histoire littéraire pensée comme étude des invariants transhistoriques de la littérature, mais aussi comme mise en perspective attentive aux variations, mutations, évolutions du fait littéraire et capable d’historiciser les formes d’expression littéraire dans toute leur variété.
  • Perspective théorique : la réflexion théorique porte sur les diverses poétiques, diachroniques et diatopiques, des genres à l’œuvre dans les littératures française, francophones et étrangères. Sans exclure le dialogue avec les autres arts ni les interactions avec la réalité sociale et politique, l’axe vise à étudier la littérature en tant qu’activité esthétique spécifique, dont la signification est indissociable des modalités formelles. Les formes littéraires y sont étudiées tant du point de vue des pratiques d’écriture qui les instituent que du côté de la réception, à travers l’étude des effets qu’elles suscitent. Les recherches peuvent porter sur tous les aspects formels de la littérature, notamment sur les genres et la généricité, conçue comme dynamique d’écriture et de lecture.
  • Perspective littéraire : l’histoire et la poétique portent sur la littérature dans son acception la plus globale (écrite/orale, fictionnelle/non-fictionnelle) et dans ses circulations historiques, herméneutiques, linguistiques et géographiques. L’histoire et la poétique des formes littéraires entend donc, en lien constant avec les formations littéraires de l’UFR Lettres et Langues, ainsi qu’avec les autres structures de formation et de recherche, poursuivre la réflexion sur la nature et le statut mêmes de la littérature.

Sont rattachés à l’axe deux groupes de travail particuliers, celui des Cabinets de curiosités (de la Renaissance au XVIIIe siècle ; http://curiositas.org) d’une renommée internationale sur ce phénomène européen, et qui bénéficie du soutien d’un Contrat de Plan État-Région (CPER), et celui du Centre d’Études de la Littérature espagnole de l’Entre-deux Siècles (XVIIe-XVIIIe siècles) (CELES XVII-XVIII), consacré aux productions (poésie, prose et théâtre) et à la pensée de la littérature espagnole entre Baroque et Néoclassicisme.

Programme scientifique 2021-2025 : Histoire et poétique de l’émerveillement

Choc, étonnement, surprise inquiète, stupeur ou admiration extatique ? L’émerveillement, force de questionnement que Platon et Aristote considèrent comme un moment premier de la philosophie, connaît de multiples degrés et nuances. Il ne surgit pas forcément du miracle divin ou de la fiction, mais naît parfois d’une découverte fortuite, ou de la simple contemplation de la nature.
C’est bien l’émerveillement qui manifeste et fonde la qualification de l’objet en « merveille », et en interroge le statut. Néanmoins, l’émerveillement en dit souvent davantage sur le sujet qui l’éprouve que sur la chose qui le provoque.
C’est pourquoi il importe de penser l’émerveillement à la croisée d’enjeux esthétiques et culturels, en étudiant la diversité des formes par lesquelles il s’exprime et en veillant à les historiciser soigneusement. Étudier l’émerveillement en tant que représentation construite empêche tout enfermement de la notion dans les limites d’un genre, et interdit également de le considérer comme un en-soi qui serait détaché des conditions historiques et culturelles qui l’ont fait advenir.
On ne s’attache donc pas spécifiquement au « merveilleux » ou à la « merveille », qui ont déjà fait l’objet de nombreux travaux. L’attention porte ici fondamentalement sur la dynamique de l’émerveillement, de manière à en interroger la poétique, les évolutions, les conditions de possibilité et les effets herméneutiques sur l’œuvre, à savoir, par exemple, les tensions que l’émerveillement manifeste par rapport aux catégories esthétiques (le beau, le laid) ou cognitives (le nouveau, l’étrange et l’inconnu, le vraisemblable) qu’il vient déranger. L’émerveillement, objet d’étude pluriel, changeant et problématique, gagne à être interprété comme un ressort littéraire, mais aussi comme un véritable indice des savoirs, un révélateur des croyances et des attentes d’une époque, voire d’un groupe social donné, aussi vrai que chaque âge a ses émerveillements.

Objectifs

Le programme de recherche vise à développer sur cinq ans (2021-2025) une meilleure compréhension de l’émerveillement, par l’étude de ses enjeux et de ses formes, tant esthétiques qu’épistémiques : dans les domaines des littératures de l’Antiquité au XXIe siècle, des arts visuels, des savoirs ou de la didactique, voire de l’idéologie politique, autant de champs couverts par l’équipe B de FoReLLIS. Des collaborations avec l’équipe A sont souhaitables, afin de circonscrire également les formes linguistiques de l’émerveillement.
Différents partenariats locaux ou régionaux sont envisagés, avec des instances académiques (CESCM), des institutions et acteurs locaux et régionaux de la science et de la culture (Espace Mendès-France, Musées de Poitiers et de Nouvelle-Aquitaine).
Le projet sera développé à l’aide de séminaires réguliers, d’événements scientifiques (journées d’étude, colloques, médiation et valorisation) et de publications.

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