Colloque international organisé par Stéphane Bikialo (Université de Poitiers), Maryline Heck (Université de Tours) et Dominique Rabaté (Université de Paris). Ce colloque aimerait envisager la manière dont les éditions P.O.L se sont inscrites, s’inscrivent et s’inscriront dans le champ de l’édition contemporaine. Il permettra de retracer l’histoire de la maison et de rendre hommage à Paul Otchakovsky-Laurens. Mais aussi de revenir sur la période charnière que connaît actuellement P.O.L, depuis que Frédéric Boyer en a repris la direction en 2018. De faire le point, donc, sur la maison, à l’orée de ses quarante ans (1983-2023).

Les éditions P.O.L ont été et restent un lieu privilégié pour les expérimentations et les renouvellements du contemporain, et ceci dans l’ensemble des genres littéraires (poésie, écritures romanesques, autobiographiques, documentaires, théâtre, ou de ces autres inclassables) mais aussi dans les tonalités (dramatique, ludique, etc.). L’extraordinaire diversité et vivacité de son catalogue est frappante, qui comprend presque 1300 titres, avec une parution annuelle de 50 ouvrages. La palette du contemporain y est vaste : il y a loin de Charles Juliet à Olivier Cadiot, de Nicolas Fargues à Nathalie Quintane ou Valérie Mrejen, de Martin Winckler à Christophe Tarkos ou Christian Prigent.
Au fond, ce que semble mettre en jeu P.O.L c’est moins une « ligne éditoriale », encore moins une « stratégie éditoriale » que ce qu’on serait tenté de nommer une « disponibilité éditoriale » : une disponibilité qui se décline en fidélité aux auteurs et autrices dont la maison a publié l’ensemble (ou presque) des œuvres (Emmanuel Carrère depuis 1984, Leslie Kaplan depuis 1983, , Valère Novarina depuis 1984, Christian Prigent depuis 1989, etc.), fidélité qui n’empêche pas une disponibilité au nouveau reposant sur la recherche, l’expérimentation, le désir…

Ce sont ainsi plusieurs visages du contemporain que P.O.L donne à décrire : nous voudrions, avec ce colloque, envisager comment les éditions P.O.L ont pu à la fois constituer un révélateur de certaines tendances du contemporain, mais aussi contribuer à donner forme à quelque chose comme une littérature contemporaine – ce qu’emblématise le rôle décisif de la Revue de littérature générale, dirigée par Olivier Cadiot et Pierre Alféri, qui ne connut pourtant que deux numéros (1995 et 1996). Symboliquement ou symptomatiquement, il se trouve que la date de création de la maison, 1983, la situe au seuil de la période généralement retenue pour délimiter le contemporain dans les études littéraires.

Cette contemporanéité de P.O.L se laisse lire aussi dans son ouverture vers les autres arts, dont témoigne la présence notable au sein du catalogue d’auteurs qui ont par ailleurs une pratique de cinéaste (Robert Bober, Alain Guiraudie, Jonas Mekas, Bertrand Schefer, Abbas Kiarostami, Alexander Kluge, Jean-Claude Biette, Jean-Paul Civeyrac, Jean-Luc Godard), de plasticien (Valérie Mrejen, Édouard Levé, Suzanne Doppelt, Pierre Alféri, Gisèle Vienne, Judith Elbaz, François Matton), ou de musicien (Bertrand Belin, Georges Aperghis, Yves Buin, Thomas Braichet). Le cinéma constitue à lui seul tout un « pôle » de la maison, avec, entre autres, la revue et la collection Trafic, les réflexions de Serge Daney et les films réalisés par Paul Otchakovsky-Laurens.

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