Ekplexis désigne en grec un choc profond, déstabilisant celui qui l’éprouve au point, parfois, de lui faire perdre contact avec la réalité. Le terme est récurrent dans les discussions esthétiques anciennes, en particulier, chez les prosateurs, au sujet de la poésie. Est-il dans la vocation du langage et de l’art en général d’exercer sur l’auditeur ou le spectateur une forme de violence ?

Cette journée s’inscrit dans le cadre du programme « Histoire et poétique de l’émerveillement », mené au sein de l’axe « Histoire et poétique des formes littéraires » du FoReLLIS. L’idée est de réfléchir aux enjeux de « l’émerveillement » dans le contexte grec antique en travaillant sur une notion indigène, celle d’ekplexis. En dépit de son importance dans le langage critique des Anciens, depuis la Poétique d’Aristote qui voit en elle l’effet émotionnel primordial que doivent rechercher la tragédie comme l’épopée, la notion d’ekplexis n’a jamais été étudiée dans une perspective large et diachronique. Les intervenants se demanderont si produire un « choc » est, comme on l’écrit parfois, l’un des buts consensuels assignés à toute poésie dans la critique post-aristotélicienne, ou si l’ekplexis est au contraire devenue (quand ?) une notion clivante, associée à certaines formes (le mythe, les « grands » genres, le sublime…), et susceptible à ce titre de constituer (pour qui ?) un repoussoir esthétique. Les réponses à cette question sont évidemment multiples et complexes, mais la journée devra aider à historiciser la notion et à clarifier son rôle dans les polémiques anciennes.

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