D’après le Trésor de la langue française, l’hésitation renvoie au fait d’hésiter, d’être dans un état d’incertitude, d’indétermination, de doute qui peut se manifester par un arrêt ou embarras dans l’élocution. L’ajustement signifie de son côté une action permettant de mettre un objet en accord avec les normes de son emploi mais aussi une action d’adapter exactement une chose à une autre, ou plusieurs choses ensemble.
En linguistique, les termes hésitation et ajustement connaissent un traitement relativement ciblée. L’hésitation tend, par exemple, à être associée de manière privilégiée au champ de l’oral et à ses phénomènes spécifiques alors que le concept d’ajustement occupe une place importante dans le cadre de la Théorie des Opérations Prédicatives et Énonciatives, faisant référence à la fois à l’“accommodation inter-subjective” et à la malléabilité des formes en contexte et cotexte. En didactique des langues, ce même concept renvoie au degré d’ajustement par rapport à l’auditoire (rapidité du débit, degré de simplification de la langue) ou à des modifications pour prévenir et/ou résoudre les malentendus et les incidents culturels.
Nous envisageons une approche plus ouverte afin d’aborder l’hésitation et l’ajustement à travers le spectre des différentes approches possibles dans le cadre de l’équipe:
- constrativité interlangues : On abordera l’analyse comparative de la modalisation des discours à travers les langues en lien avec les genres (scientifique, journalistique), et on poursuivra le travail sur le pronom on associé au modal pouvoir et/ou aux verbes d’opinion. Plus globalement, il est possible d’envisager la traduction en soi en tant que phénomène sous-tendu par un hiatus : le passage de l’original à la traduction implique de prendre en compte et de combler différentes sources de décalages possibles – linguistique, culturel, discursif.
- variations : Les différentes variations (diachronique, diatopique, synchronique) peuvent être envisagées en tant que manifestations de décalage et de construction par rapport à (ce qui est perçu comme) la norme, et être la trace d’un ajustement. Les corpus développés dans le cadre de cet axe (corpus oraux en anglais, corpus de contes traditionnels et contemporains en occitan) se prêtent tout particulièrement à ce type de thématique.
- construction des discours : Les phénomènes d’hésitation et d’ajustement, en tant que recherche de l’adéquation du discours à la réalité, quête du « mot juste », trouvent leur expression à tous les niveaux de la communication (phonétique, lexique, syntaxe, prosodie, gestualité, etc.). Les analyses peuvent porter sur des productions écrites, orales et multimodales de différents genres discursifs (médiatique, politique, scientifique, etc.).
- didactique des langues : Les deux concepts seront étudiés dans le cadre des corpus d’apprenants, oraux et écrits : hésitation et reprise dans le discours continu des apprenants d’un niveau avancé, hésitation à l’écrit, ratures et approximation sémantiques ainsi que l’ajustement sémantique et syntaxique.
Les deux concepts seront étudiés dans une approche collective dynamique basée sur le développement des corpus et proposant le croisement écrit-oral, synchronie-diachronie, traduction-apprentissage.
Objectifs
- Définir les rapports entre l’hésitation et l’ajustement
- Appréhender l’hésitation et l’ajustement à travers les langues en synchronie, en diachronie et en diatopie
- Croiser les niveaux d’analyse
- Envisager l’apport des différents types de corpus à l’étude des concepts