Etudes croisées du roman de Cormac McCarthy et de son adaptation cinématographique des frères Coens.

D’abord rédigé comme un scenario puis remanié pour devenir un roman, No Country for Old Men s’inscrit dans un double projet d’écriture qui sous-tend l’œuvre de Cormac McCarthy : la représentation de la Frontière et de l’Amérique d’après-guerre ou d’après ses guerres. Si l’ouvrage n’a rien à envier aux précédents en termes de violence, l’écriture s’y fait plus aride, loin des descriptions minutieuses de Suttree ou de Blood Meridian. Elle laisse aussi la place aux voix ; celle plus ou moins désincarnée du shérif Bell, celles des personnages dans leurs dialogues cyniques, irrévérencieux ou détachés, toujours soutenues par un narrateur externe aux accents hemingwayens.
David Cremean intitulera d’ailleurs l’un de ses articles « For whom Bell tolls » (in Chapman King et. al, 2009). C’est le glas d’un pays que semble sonner le shérif Bell, un pays « dur pour les habitants » même si ces derniers ne « semblaient jamais lui en vouloir » (McCarthy, 2005), jusqu’à ce réveil en un pays de fossoyeur. Ou est-ce un nouveau rêve, cauchemardesque cette fois, ou encore une histoire habilement menée ? « Car ce monde aussi qui nous semble une chose de pierre et de fleur et de sang n’est nullement une chose mais un conte. Et tout ce qui est dans ce monde est conte et chaque conte est la somme de tous les contes qui le composent » (McCarthy, 1994).
L’expérience méta-textuelle et hypnagogique du récit se retrouve sublimée dans l’adaptation de l’ouvrage par les frères Coen, comme le souligne Jocelyn Dupont (in Assouli, 2021). Adaptation jugée très fidèle, mais en fait interprétation et véritable création esthétique en soi, où l’intersémioticité joue à plein grâce au travail de la narratologie visuelle et auditive.
Cette journée d’étude se propose d’interroger l’écriture romanesque et l’écriture filmique dans leur hybridité et leurs transgressions, leur violence et leur minimalisme, et de tisser des liens entre l’ouvrage de McCarthy et celui des frères Coen. Elle relie les axes Intermédialité et Politique des arts du FoReLLis, centre de recherche de l’Université de Poitiers, dans sa double étude, roman/film, et grâce à l’étude de la violence dans une société postbellum, et des effets méta-narratifs et intertextuels qui se jouent et se croisent dans les deux œuvres.

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