Journée d'études proposée par Thomas Bruckert, Mathias Lavin et Shirley Niclais

« Il n’est pas à la beauté d’autre origine que la blessure, singulière, différente pour chacun, cachée ou visible, que tout homme garde en soi, qu’il préserve et où il se retire quand il veut quitter le monde pour une solitude temporaire mais profonde. […] L’art de Giacometti me semble vouloir découvrir cette blessure secrète de tout être et même de toute chose, afin qu’elle les illumine. »

Jean Genet, L’Atelier d’Alberto Giacometti [1957], Paris, Gallimard, 2007, p. 42

 

Dans le cadre de l’axe « Politique des Arts : Savoirs, Imaginaires, Esthétiques » du laboratoire FoReLLIS (pôle B), et en résonance avec le projet « handicaps et formes de la sensibilité », nous voudrions poursuivre l’exploration des « vulnérabilités contemporaines » en abordant ce qui apparaît comme une de ses origines, la blessure. Comme le souligne Jean-Louis Chrétien, est fragile ce qui peut se briser, tandis qu’est vulnérable ce qui peut être blessé. Si seule la fragilité peut qualifier l’inanimé, la vulnérabilité, à l’inverse, suppose une relation de dépendance et de transformation réservée au vivant au sens le plus large, et qui s’établit entre ce qui blesse et ce qui se trouve blessé. La blessure devient une matérialisation de vulnérabilités, en devenant le motif, voire l’allégorie, de certaines de nos interrogations actuelles. La blessure est bien le résultat d’une altération, délibérée ou accidentelle, qui, en portant atteinte à l’intégrité d’un corps, révèle sa condition vulnérable, une condition qui pouvait jusque-là demeurer secrète, insoupçonnable, ou seulement présupposée. A travers cette journée d’étude, il s’agira de se demander comment, entre pudeur et exhibition, les arts de la représentation donnent à éprouver aujourd’hui l’expérience de la blessure, et à quelles fins ? Dans une actualité terriblement marquée par les conflits guerriers, les pandémies ou le désastre écologique, quels sont les corps meurtris que donnent à voir ou à imaginer, en particulier, le théâtre et le cinéma ? Quels stigmates portent-ils ? De quoi les brûlures, plaies, lésions ou cicatrices portées à la scène et à l’écran sont-elles le signe ?

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