Le mot de l’auteure Myriam Marrache-Gouraud :
Dans cette étude des représentations, j’analyse les discours consacrés à l’humain lorsqu’il se trouve collectionné et exposé sous différentes formes dans les cabinets de curiosités, les théâtres anatomiques, les arrières-boutiques d’apothicaires, qu’il s’agisse de nains, de géants, d’hommes velus, de corps momifiés, d’ossements, de calculs : il y est question de vanité, de vertus magiques, de pièces uniques, l’enjeu étant de penser la manière dont l’homme de la première modernité se regarde lui-même en collectionnant, dans une réflexivité proche du « connais-toi », les formes singulières de sa propre espèce.
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Homo mirabilis ! En contemplant des fillettes au visage velu, des nains, des géants, des momies, des squelettes, organes, ou calculs pierreux, qui niera que l’humain n’ait sa place parmi les curiosités ? Les « raretés de l’homme » font le bonheur des collectionneurs, pour le plaisir du spectacle ou de l’enquête savante. Entre stupeur et découvertes perplexes, le trouble produit par ces singularités modèle les discours pour négocier la frontière avec l’animalité, la proximité avec la sauvagerie, la question de l’infra-humanité, les porosités entre masculin et féminin, le rapport au passé des géants et la génération incongrue de corps étrangers. Souvent oublié des travaux sur les naturalia, l’homme entendu comme objet de collection méritait une étude des représentations qui croise textes et images. Prise dans le « connais-toi » d’une anthropologie en devenir, la culture écrite et visuelle de la curiosité cherche en effet à penser l’humain en ses formes exceptionnelles dans les premiers « musées de l’homme » des XVIe et XVIIe siècles.