Prenant la suite d’une recherche menée sur l’identification en fiction, en avril 2021, le FoReLLIS B entend déplacer la question et la poser sur le terrain du poétique : quelle(s) expérience(s) d’identification peut faire naître la poésie ? En fiction a été proposée par les théoriciens une distinction entre l’identification totale (projection dans le personnage, ses valeurs, ses modes de vie et de pensée) et identification partielle, donnant davantage lieu à un partage momentané d’expérience « empathique » (le mot « empathique » étant entendu ici, en un sens restreint qui le distingue de l’identification totale [Baroni, 2007], mais compris aussi au sens cognitif [Rodriguez, 2013] et à celui de la mobilité empathique [Rabatel, 2019] , mais non au sens d’identification fusionnelle).
L’identification (des)sert-elle un impact esthétique et affectif des poèmes et faudrait-il alors multiplier les opérations de décentrement, pour mieux saisir la complexité des émotions et des réflexions à l’œuvre dans la poésie ? L’esthétique décalée de la poésie par rapport au langage ordinaire est-elle un frein à l’entrée dans le poème ? Ou au contraire sa teneur autre qu’ordinaire, incite-t-elle le lecteur à s’y reconnaître autrement, à écrire aussi, à rêver, à vivre une expérience d’être étonné par le texte ?